Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bicyclette sans frontière par MDB Vallée de Montmorency
13 septembre 2010

Traversée des Alpes à vélo, de Cluses à Nice - Août 2010

Traversée des Alpes à vélo, de Cluses à Nice


J’ai le plaisir de vous présenter ici le récit de mon voyage à vélo dans les Alpes.

- Alain Postic -


Pour accéder à l'album photos, cliquer ici ........Voir les Photos

Pour visualiser le parcours, cliquer ici .....Voir le parcours

 

 

Samedi 7 Août 2010

Le vélo est prêt. J'ai monté des pneus plus fins, plus roulants que ceux que j'utilise tout au long de l'année. J'ai fait l'acquisition d'une belle paire de sacoches bien étanches, pratiques à monter et démonter. Un petit plateau de 30 dents remplace le 32 qui avait été un peu juste lors de la traversée des Pyrénées l’été dernier. Tout était donc prêt en ce samedi matin.

Sans doute avais-je un peu négligé la voiture par rapport au vélo. Sur la Francilienne, une heure après le départ, 2 voyants rouges s'allument. La notice dit: arrêt immédiat, contacter au plus tôt votre agent Renault, problème de surchauffe. La randonnée alpine a failli s'arrêter dans une station service en banlieue parisienne. Comment diable se fait-il qu'il manque 4 litres de liquide de refroidissement ? On ne peut pas faire confiance à son agent Renault qui fait les révisions. Il fallait trouver un coupable. Tout est rentré dans l'ordre et nous étions bien soulagés d'arriver en soirée aux Carroz d'Arâches.

 

Dimanche 8 Août - des Carroz d’Arâche à Saint Nicolas La Chapelle (76 Kms) 

005_PICT1137_petite

En route pour de nouvelles aventures. Je descends ce matin vers Cluses. Les premiers kilomètres permettent de tester le bon comportement du vélo. 30 Kilos de matériel et les 65 Kilos du cycliste lancés dans cette forte descente demandent un certain temps d'adaptation. Il faut ressentir sa monture pour déceler une éventuelle anomalie, tester les freins, la stabilité. Tout va bien et le moment est venu d'expérimenter tout cela en montée. L'ascension vers le col de la Colombière me rassure sur mes capacités physiques. Çà passe bien jusqu'au Reposoir, quelques longueurs de relatif plat avant d'entreprendre la 2ème partie de l'ascension. Il y a beaucoup de circulation automobile, sûrement parce qu'on est dimanche, me dis-je pour me rassurer. Il faut en permanence être vigilant à ne pas faire trop d'écarts. Ça gâche un peu le plaisir. J'arrive au col, à 1613 m, un peu vidé de mon énergie, mais satisfait du résultat de cette première épreuve. Je n'ai même pas eu besoin de m'arrêter pour surchauffe.

Je redescends vers le Grand-Bornand avec l'idée de m'arrêter pour pique-niquer dès que l'occasion se présentera. Je me laisse tenter par une tartiflette à emporter, çà compensera les calories brûlées ce matin. Il est déjà 1h30 quand je m'arrête à la sortie de La Clusaz, en bord de route, à défaut de mieux. Cette pause est la bienvenue pour recharger les batteries. Le col des Aravis est au menu de l'après-midi. Il n'est qu'à 1486m, mais les Kms de ce matin se font sentir dans les jambes. J'arrive tout de même au sommet sans mettre pied à terre, c'est moins pentu que ce matin, et çà ira très bien ainsi pour cette première journée. Ici c'est la cohue, la foule, les embouteillages.

La descente vers Flumet est agréable. J'ai réservé ce soir gîte et couvert à Saint Nicolas La Chapelle. Et au menu unique: tartiflette ! Et quel régal !

 

Lundi 9 Août  - de Saint Nicolas La Chapelle à Bonneval (75 Kms)

011_PICT1160

Départ vers 8 heures du Chalet La Source, adresse à recommander. Dès la sortie de Flumet, çà commence très fort en direction du col des Saisies (1657 m). En dépit de la pente, la route est bien agréable. Vues les inscriptions sur la chaussée, le Tour de France a dû passer par là cette année.

Pour la première fois depuis le départ, j'ai fait une partie de l'ascension avec un autre cycliste. En général ils me doublent tellement rapidement que je n'entends même pas le bonjour. Les derniers kms de la montée sont agréables. C'est bien de terminer une ascension en douceur.

Aux Saisies je prends le temps de visiter l'église moderne de Notre Dame des Lumières. Lieu de sérénité, musique d'ambiance reposante.

Le massif Mont-blanc dans toute sa splendeur s'offre à la vue du voyageur dans cette descente vers Villard Sur Doron. A partir de là s'amorce une descente d'enfer vers Alberville. Dire qu'il y a des malheureux qui montent cette route sans fin ni pitié pour les voyageurs à vélo. Je vous le dis, je préfère ces 20 kms en descente, même s'il faut serrer fort les freins et éviter les fissures de la chaussée.

J'appréhendais un peu la vallée de l’Isère après Alberville. Sur la carte, une autoroute, une voie ferrée et la rivière, laissent peu de place à une route adaptée aux cyclistes. Et pourtant ce fut un chemin agréable, vers Tour en Savoie, parallèle à la route principale et sans doute de ce fait peu emprunté. J'y trouve même un endroit agréable pour refaire le plein de carburant et la sieste qui va avec.

A La Bathie on passe de l'autre côté de l'autoroute. Et là, finie cette longue promenade en légère pente descendante. Ici on remet les gaz vers St Paul Sur Isère. C'est raide mais la route est très agréable, à l'ombre, ce qui ne gâche rien. A la fontaine de St Pierre je me rafraîchit et me désaltère.

Bientôt se présente un carrefour: à gauche La Léchère à 4 Kms en forte descente, à droite, Col de la Madeleine à 26 Kms. J'avais initialement prévu de faire étape à La Léchère. Vu l'heure pas trop tardive, vu ma bonne forme, je choisis l'option en direction du Col de la Madeleine, ce sera çà à faire de moins demain. Il y a juste l’inconnue du logement pour ce soir. A La Léchère il y avait des campings. J'espère trouver une solution à Bonneval en Tarentaise. Heureusement qu'il me reste de l'énergie pour avaler ces 5 ou 6 kms à en dissuader plus d'un. C'est assez dur mais j'apprécie cette montée à l'ombre, dans la fraîcheur, pas beaucoup de voitures. Je m'autorise même pour la première fois une montée en zigzags pour parfois adoucir la pente.

A Bonneval, une seule auberge, dite de la Vallée de L'eau Rousse. Je suis le seul client à table à déguster les spécialités de Diots (saucisses savoyardes) et pâtes froment/sarrazin.

Par la fenêtre de la chambre j'entends couler la fontaine. Du clocher en face sonnent les 10 heures. Et pour ceux qui n'auraient pas bien entendu, les 10 coups sont répétés une deuxième fois.

 

Mardi 10 Août – de Bonneval à Les Verneys (Valloire) (86 Kms)

014_PICT1166

 

Pas besoin de réveil. Les cloches reprennent du service à partir de 6 heures. Cette nuit il est tombé une bonne averse. Le ciel était bien bleu hier soir et rien ne laissait présager cet arrosage nocturne. Dire que j'envisageais le camping si je n'avais pas trouvé ma bonne auberge. J’avais repéré une aire de stationnement de camping cars qui aurait pu convenir.

La halte à Bonneval en Tarentaise à environ 1000m d’altitude est vraiment judicieuse dans cette ascension vers le Col de la Madeleine. Elle permet de réduire l'effort nécessaire le deuxième jour pour atteindre les 2000 mètres. De plus, les premiers Kms après Bonneval sont vraiment sympathiques, en pente douce. Çà se corse entre La Thuile et Celliers. Je remarque en passant la présence de 2 hôtels qui pourraient également servir d'étape.

Quelques arrêts s'imposent dans cette ascension pour calmer le cœur et pour admirer et écouter quelques cascades. Aux fortes pentes succèdent des zones de récupération. La Madeleine m'a bien plût. Je suis cependant un peu inquiet d'une douleur persistante à la rotule droite qui semble s'amplifier.

Après le col suivent 20 Kms de descente qui n'en finissent pas. Les poignets et les épaules en prennent un coup. Je rêve d'un système de freinage téléassisté qui se commanderait d'un doigt. Les descentes en seraient d'autant plus appréciées.

Me voici donc en vallée de Maurienne. De Saint Jean à Saint Michel, quel chemin de croix de cycliste. Pas d'autre choix que la route nationale très fréquentée, coincées entre la voie ferrée et les zones industrielles. Heureusement qu'il y a quand même une piste cyclable et les flots tumultueux de l'Arc.

A Saint Michel je fais une pause boisson pour me rafraîchir un peu vers 16h30 et aussi refaire le plein des bidons vidés ce midi pour réhydrater soupe et purée au poisson lyophilisée.

Le col du Télégraphe ne présente pas de fortes pentes mais il y a quand même 12 Kms d'ascension. Ce n’est pas gagné en cette fin d'après-midi où il fait encore chaud dans les premiers Kms. Je cherche désespérément un coin sympathique pour prendre un petit remontant à l'écart de la horde de véhicules qui m'assaillent depuis Saint Michel. Je m'arrête finalement dans un endroit assez inhospitalier, d'où les automobilistes peuvent admirer le spectacle d'un drôle d'énergumène en détresse en train de tartiner quelques tranches de pain de pâte chocolatée aux noisettes. Je repars d'un meilleur rythme et découvre quelques centaines de mètres plus loin 2 aires de repos successives avec bans et tables. Un peu rageant …

J'atteints le col en forçant le moins possible pour tenter de soulager mon genou douloureux.

La route descend ensuite tranquillement vers Valloire. Le Guide du Routard conseille le gîte Pierre-Paul aux Verneys, 2 Kms après Valloire. Çà monte à 9%, mais quelle satisfaction d'atteindre ce havre de paix. Les propriétaires, cyclistes à leurs heures, cultivent un agréable jardin au bord d'un torrent bien paisible en ce moment. Les dégâts provoqués il y a quelques années par les eaux en furie, font prendre conscience que l'homme ne maîtrisera jamais la nature en colère. Le maître des lieux à qui je fais part de mes ennuis rotuliens me dit avoir expérimenté sur lui un remède efficace: les piqûres d'abeille, parole d'apiculteur. Bon … finalement je ne souffre pas encore assez pour tester la méthode.

 

Mercredi 11 Août – De Les Verneys à Terre Rouge (Cervières) (63 Kms)

036_PICT1230

 

Après un petit-déjeuner copieux avec le miel et les confitures maison, je quitte Les Verneys à 1560 mètres pour une montée de 18 kms vers les cieux à 2600 mètres: c'est la grande journée du Galibier. Oui, je peux dire qu'elle fut grande et même grandiose. La mise en jambes et le test du genou se font en douceur sur les premiers Kms. Par précaution je m'enduis ce dernier d'une pommade anti-inflammatoire.

Je suis séduit par ces magnifiques paysages de haute montagne. C'est un régal de cyclo-touriste. Les jeux d'ombre et de lumière ne laissent pas indifférent le photographe. Je m'arrête très souvent, au moins comme çà je ne forcerai pas de trop. Je me rends compte qu'il est très avantageux de combiner la photo et le vélo en montagne, au moins a t-on le prétexte de l'arrêt photo quand le souffle devient court.

Les mots me manquent pour décrire le plaisir éprouvé à monter vers ce col. Je ne veux pas aller trop vite. Çà tombe bien, j'en suis bien incapable. Je m'en mets plein les yeux. Le temps est magnifique. Le ciel bleu est parsemé d'élégants nuages blancs.

A 8 Kms du sommet, la pente se raidit, les lacets impressionnants se succèdent. J'adore cette route. Je ne suis pas pressé d'arriver. Une petite pause collation est la bienvenue à 3 Kms du sommet.

Le dernier Km à 12% se monte debout sur les pédales. Une dame me double en me confiant que c'est le rêve de son mari de partir en voyage avec vélo et sacoches. C'est le monsieur en rouge qui vous a doublé tout à l'heure. Euh … oui, il y a tellement de cyclistes qui me doublent. Çà fait plaisir au moment de cet effort final de s'entendre dire que l'on fait rêver quelqu'un.

Porté par l'enthousiasme de cette montée, j'en ai presque oublié mon genou qui a bien supporté le dur régime que je lui impose.

Un cycliste pur compétition s'affale près de moi. Je luis fais remarquer qu'il a dû monter trop vite. Une heure et demi, dit-il, et le problème c'est que j'ai oublié mon gel. J'ai failli lui proposer un morceau de saucisson et une tartine au Nutella, et puis non, tant pis, çà lui apprendra à ne pas oublier son gel.

Au sommet le panorama est grandiose. Ce paysage est époustouflant, avec des vues sur des sommets enneigés, sur les enfilades de lacets.

Dans le Galibier, tout est bon, tout est beau aussi, aussi bien la montée que la descente vers le Lautaret. Une descente plaisir, émerveillement. On croise beaucoup de cyclistes et même des troupeaux de vaches à leur aise au milieu de la chaussée. Des paysages de cartes postales défilent.

La vue sur un glacier majestueux du massif de la Meije comble le voyageur qui ne va pas trop vite et qui a la faculté de s'arrêter où bon lui semble, je veux parler du cyclo-touriste.

A déguster des yeux cette nature, j'en oublie qu'il est déjà 13h30. Je m'installe à un restaurant au col du Lautaret. Il y a d'ici une vue incroyable sur ces montagnes, sur les glaciers du Lautaret, de L'Homme et le Pavé (3800m).

Je n'ai jamais autant apprécié de ma vie une saucisse-lentilles. J’ai également vidé la corbeille garnie d'un pain frais délicieux. Je ne vous parle pas de la bière pression fraîche …

Après les plaisirs du Galibier et de la table vinrent les affres de la plongée vers Briançon. Descente rapide et beaucoup trop de voitures. Heureusement que je fais le trajet dans ce sens. J'imagine la galère de ceux qui le ferait dans l'autre sens, en montée interminable. Plus je m'approche de Briançon, plus la circulation s'intensifie. Je m'arrête à une pharmacie pour une crème solaire. Hier soir, lors de mon précédent arrêt dans une pharmacie, on m'avait conseillé de recouvrir mon genou car ma pommade anti-inflammatoire le rendait hyper-sensible aux coups de soleil. Je ne l'ai pas constaté sur le genou. Sans doute l'effet s'est-il reporté sur le visage que je découvre rayonnant, voire irradiant au détour d'un miroir de lavabo. Attention donc, beaucoup de rayons du côté du Galibier, les uns métallique, les autres UV.

Après l'enfer automobile de Briançon, direction Col de l'Izoard. La sortie de la ville est sévère, il vaut mieux avoir quelques réserves.

Je loge ce soir au gîte Terre Rouge, 2 Kms avant Cervières. C'est un gîte plutôt rustique, lieu de rencontres sympathiques entre randonneurs, cyclistes, motards. Et au menu unique de ce soir: Diots (saucisses) et lentilles. C'était donc la journée saucisse-lentilles après la journée tartiflette de dimanche.

Très belle journée, alors que hier le moral était en berne, taraudé par l'incertitude par rapport au genou. Maintenant que le spectacle inoubliable du Galibier est acquis, je suis confiant pour la suite. Dire que hier je me suis renseigné à la gare de Saint Michel de Maurienne pour savoir comment aller en train jusqu'à Nice au cas où je n'aurais pas pu passer cette étape capitale.

 

Jeudi 12 Août – de Cervières à Vars (58 Kms)

061_PICT1330

 

Le plancher de ma chambre grince tellement que j'appréhende de réveiller toute la maisonnée à chaque pas en cette heure matinale. Petit-déjeuner prévu à 7 heures. 3 cyclistes qui font le tour du massif des Ecrins attendent avec moi l'arrivée du patron.

Une petite visite à l'extérieur me fait découvrir un abricotier qui porte plein de fruits. Il paraît qu'ils arrivent certaines années à mûrir vers la fin septembre. Nous sommes à 1600m d'altitude.

Je crois que j'avais sous-estimé la difficulté d'ascension de l'Izoard à 2344m. Sans doute des souvenirs d'un tour des Alpes effectué quand j'étais jeune et roulais sur un léger vélo.

A noter pour de futurs voyageurs, qu'il y a une auberge (l’Arpelin) un peu après Cervières, au lieu dit le Laus.

Heureusement que je déborde toujours d'énergie le matin. La première partie de la montée se fait en zone forestière. Évènement extraordinaire, je double pour la première fois deux cyclistes dans une montée. Je les avais en point de mire depuis quelques virages, quand ils se sont arrêtés, visiblement épuisés. A marquer dans les annales.

Certains cyclistes qui me doublent m'encouragent, sans doute par condescendance envers cet huluberlu qui trimbale son gros chargement. « Courage, le plus dur est fait, plus que quelques virages ! ». Je réponds souvent par un « déjà ! » qui semble les laisser pantois, surtout s'ils sont eux aussi un peu au bout du rouleau.

A la sortie de la zone forestière la montagne dévoile sa minéralité. Paysages sublimes à admirer à l'arrivée au col.

Dés le début de la descente, le voyageur entre dans le site extraordinaire de la Casse Déserte, paysages lunaires accrochés aux montagnes, fascinants.

Entre monolithes sortis de terre et gigantesques éboulis, les lieux sont de toute beauté.

D'un endroit à un autre, en fonction de l'éclairage changeant par un soleil de temps en temps voilé par quelque nuage, je ne me lasse pas d'admirer ces sculptures minérales, d'en prendre plein les yeux.

Après le ravitaillement à Arvieux, je trouve un coin de champ ombragé pour le repas et le repos. Les nuages noirs et quelques gouttes précipitent un peu le départ. Mais finalement pas encore de quoi mouiller un cycliste aujourd'hui.

Dans les combes du Queyras, je m'attarde un peu à observer les descentes en Rafting dans ces eaux tumultueuses. Belle route taillée dans la roche, si ce n'était cette intense circulation.

Après Guillestre, direction Vars et son col.

Je suis un peu en galère dans cette longue montée d'après-midi. Le genou implore un peu de pitié et la digestion abrégée par un départ un peu précipité est un peu laborieuse. Le deuxième problème est bientôt soulagé par un arrêt délestage au détour d'un virage, quant au premier, il est plus difficile à régler. Je remets un peu de pommade. L'effet n'est pas probant et les redémarrages sont de plus en plus laborieux.

J'ai la surprise de voir la route redescendre avant d'arriver à la station de Vars Ste Marie. Là, je décide d'arrêter la casse pour aujourd'hui. Le col est encore à 9 Kms et j'ignore le dénivelé. Il est près de 18h, le temps est menaçant. Çà ira mieux demain

 

 

Vendredi 13 AoûtDe Vars à Saint-Dalmas de Valdeblore (130 Kms)

086_PICT1410

 

Heureusement que mon genou ne m'a pas permis d'aller plus loin hier. D'une part la route monte raide à la sortie de la station de Vars, et d'autre part le paysage est splendide sous les premiers rayons de la matinée. Quelques étangs, limpides miroirs des sommets alentours, jalonnent le parcours. Ce paysage me rappelle le Etangs de Lers, vers le col D'Agnes dans les Pyrénées. Le col de Vars, à 2109m est bientôt atteint. La descente est entrecoupée de nombreux arrêts photo, tant l'inspiration est grande entre impressionnants lacets en vue plongeante, bords de route fleuris, villages de cartes postales.

Le torrent de l’Ubaye m'accompagne jusqu'à Jausiers (1213m) que j'avais initialement prévu d'atteindre la veille. Il est 11 heures et le panneau indique le col de la Bonnette à 24 Kms. Une bonne pause restauration s'impose avant de se lancer sur cette route la plus haute d'Europe. Le col est à 2802 m. La première partie de l'ascension est assez régulière pour se mettre bien en jambes. Rapidement je découvre des paysages époustouflants où la végétation se fait rare. Au détour d'un lacet, un étang m'incite à une pause photo. J'ai la surprise de voir parfois la route descendre. Quelques pentes sans doute dans les 10%, nécessitent quelques efforts violents, mais çà ne dure pas trop longtemps.

Ce col est vraiment le col des femmes. Jamais la gente féminine ne m'a paru aussi présente dans une ascension. Et je n'ai compté évidemment que celles qui m'ont doublé. L'une d'elle montait là haut en tenue minimale, short et soutient gorge. J'ai bien forcé un peu l'allure, mais je me suis dit qu'elle était sûrement attendue au sommet pour passer des vêtements plus chauds pour ne pas être congelée dans la descente.

Comme je n'ai pas pris de vrai repas vers midi, je fais quelques arrêts nourriture au cours de la montée. C'est finalement un régime qui me convient bien. Je progresse bien vers les sommets. Le genou se fait discret. J'apprécie beaucoup cette ambiance au delà des 2000m. Paysages minéraux, lumière pure, cris des marmottes qui troublent le silence ambiant. Près du sommet la route passe presque en descente, légère pente. Puis à un carrefour on indique d'une part la direction de Nice directe, et d'autre part un petit détour vers la cime de la Bonnette pour les plus téméraires. Çà monte à 15% sur quelques centaines de mètres. Je termine à pieds.

Là-haut je rencontre un Allemand qui vient de Bavière avec un vélo chargé qui pèse 50 kilos. Faut dire qu'il trimballe des pièces de rechange et des outils de réparation. Il a déjà changé de chaîne, des rayons et un moyeu. Incroyable. Pour monter cette charge il a un plateau de 26 à l'avant et 32 à l'arrière.

Dans la descente j'ai la satisfaction d'observer un immense troupeau de moutons dans un paysage grandiose. J'ai beau me dire qu'il faut avancer, irrémédiablement je m'arrête de ci de là pour engranger les souvenirs. J'oublie le temps, absorbé par la beauté du présent.

Au détour d’un virage on découvre le Camp des Fourches, un casernement de montagne.

Ces chalets servaient principalement de logement et pouvaient accueillir un bataillon de chasseurs alpins à quatre compagnies de 150 hommes qui vivaient en quasi-autarcie.

La descente de la vallée de la Tinée semble ne vouloir se terminer qu'à la mer, c'est infini, mais bien appréciable à cette heure de l'après-midi.

On passe le village de Le Pra qui fut complètement détruit en 1860 par le torrent qui tombe de la montagne, juste au dessus. Quand on voit l'emplacement du village, presque dans le lit du torrent, on comprend sa vulnérabilité. Et pourtant des hommes sont revenus bâtir le village, depuis sécurisé par d'importants travaux.

Quelques belles cascades ponctuent le parcours.

Une superbe piste cyclable est aménagée le long de la rivière la Tinée entre les villages de St Etienne de Tinée et d'Isola, sur environ 12 km.

A Saint-Sauveur de Tinée j'appelle pour réserver une chambre au gîte Les Marmottes dont j'avais noté les coordonnées. C'est à Saint Dalmas. Il est 19 heures. Après quelques Kms de descente et 12 Kms d'ascension j'y arrive à 21heures, à la nuit tombante. Belle et longue journée.

 

Samedi 14 Août de Saint-Dalmas à Saint-Laurent-du-Var (Nice) (115 Kms / 600 Kms)

113_PICT1513

 

Ce matin l'échauffement est vite fait dans les 8 à 9% de pente de Saint-Dalmas vers le Col Saint-Martin. Là commence la longue descente de la vallée de la Vésubie, Saint-Martin-Vésubie, Roquebillière.

Le temps est couvert et je n'arrive pas à trouver de motivation sur cette route. Pour me réveiller, me motiver je décide de modifier le parcours prévu.

Je prends la direction du Col de Turini. Ce détour va complètement changer la physionomie du parcours initial qui se contentait de se laisser aller comme l'eau qui descend des montagnes par les vallées de la Vésubie et du Var.

La montée vers le Col de Turini demande beaucoup d'énergie. Il faut monter en 15 kms de 500 m à 1600 mètres. Pour réveiller, çà réveille !

A La Bollène je m'équipe pour la pluie mais finalement çà ne mouille pas de trop.

Cette route me plait bien, mais mon petit détour commence à devenir long. Çà n'en finit pas de monter.

Après la borne des 13 Kms, je cherche virage après virage un signe annonciateur du col. Un panneau de limitation à 50, un bruit de cloches de vaches, oui cette fois j'y suis. Cette petite montée m'a bien pris 2 heures.

Et là, aussitôt amorcée la descente une bonne pluie se met à tomber. Le décor de l'après-midi est planté. Ce sera une douche continue de 5 heures.

Il faut malgré tout trouver une solution pour le déjeuner. Un abri-bus à Peira-Cava semblait m’attendre. Excellent abri, banc, poubelles à proximité, vraiment c’est un lieu à recommander au promeneur affamé de passage quand le ciel ouvre ses vannes.

Bien que les paysages dans le brouillard et les nuages qui courent sur les crêtes aient leur charme, le plaisir à vagabonder sur ces petites routes vers Coaraze, Contes, Tourette-Levens, Aspremont, Colomars est bien tombé à l'eau.

Après Colomars j'avais prévu de passer sur la rive droite du Var, vers Carros. Mais il est plus de 8 heures, un peu épuisé, et je me vois mal remonter vers ce village sur l'autre rive. Je me résous donc à prendre une voie rapide très fréquentée en direction de Nice. Malgré quelques portions de piste cyclable, je me sens un peu vulnérable dans ce trafic à la nuit tombante. J'arrive à Saint-Laurent du Var vers 21 heures.

 

Durant mon séjour à Saint-Laurent-du-Var, j’ai eu l’occasion de refaire la fin de mon parcours sous la pluie, cette fois par un soleil radieux, et ceci à partir du Col Saint Roch..

L’ambiance est évidemment totalement différente. Çà sent bon le pin et on est accompagné du chant des cigales.

Cet arrière pays niçois est constellé de villages perchés, joyaux posés sur les sommets.

Après Contes, on attaque le bien nommé col « le Col » en direction de Chateauneuf-Villevieille. Au col, un chemin monte à l’ancien village en ruines.

Il fut fondé au Moyen Âge par des habitants de Contes qui cherchaient un site à l'abri de l'insécurité qui régnait à l'époque dans la vallée.

Après la descente de Colomars, un détour vers Carros et Gattières permet d’admirer l’impressionnante vallée du Var jusqu’à Nice. Rivière paisible qui se languit entre les bans de galets en cette saison. On imagine la furie des eaux à la suite de fortes pluies sur le Mercantour. Ce fleuve constituait la frontière avec le Conté de Nice, jusqu’à la réunification à la France en 1860.

 

La magie du voyage à vélo a encore opéré pour cette traversée des Alpes.

Prendre le temps d’admirer, ne jamais être pressé d’arriver sont les vecteurs de la réussite d’un tel périple. Une préparation physique suffisante permet à l’esprit de se libérer des contraintes du relief pour jouir d’instants uniques.

 

- Alain Postic -

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Salut. Respect à celui qui fait tout ça sans assistance. Quand on lit le récit, on y est !!!<br /> Et les photos sont magnifiques.
Répondre
H
Bonjour,<br /> Je fais du vélo le dimanche comme un peu tout le monde . Mais je suis bluffé par ce que tu as accompli. Je connais une partie du parcours : le col de Aravis mais je serai bien incapable de faire ton parcours ainsi équipé. Sache que dans les Ardennes on peut aussi s'amuser en vélo . Le critérium international y a été organisé 5 fois de suite et les champions du tour ont gravi plusieurs fois nos sommets à nous ... 400 m de dénivelé avec des montées à 10% ( points culminants à 500 m et même presque 800 m en Belgique toute proche eh oui !<br /> Je jetterai un coup d'oeil a tes futurs exploits...<br /> Cordialement<br /> Jean-Marie
Répondre
R
extraordinaire, de beauté de courage, j'aimerais en faire autant, bravo pour tout, les photos, le commentaire, et surtout l'exploit encore bravo <br /> un seul mot respect
Répondre
P
Un exploit cycliste, un émerveillement photographique, un reportage magnifique ! Alain mérite plusieurs fois notre respect pour ses nombreuses qualités. Quel artiste ! BRAVO !
Répondre
Bicyclette sans frontière par MDB Vallée de Montmorency
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 13 405
Publicité