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Bicyclette sans frontière par MDB Vallée de Montmorency
19 septembre 2009

Randonnée Pyrénéenne - De St-Jean-de-Luz à Collioure

J’ai le plaisir de vous présenter ici le récit de mon voyage à vélo dans les Pyrénées.

- Alain Postic -

Pour accéder à l'album photos, cliquer ici ........Voir les Photos



Samedi 8 août 2009 - De Bayonne à Sare (47 Kms)

Arrivée à Bayonne. Bruine épaisse qui mouille bien. Je suis bien heureux d'avoir pu prendre ce train de Toulouse car il était en principe interdit aux vélos. Le contrôleur m'indique même le meilleur emplacement pour mon vélo lourdement harnaché. Le train est bondé avec poussettes et bagages dans les couloirs. J'essaie de me faire discret, assis sur les marches du compartiment en début de voyage.
A Bayonne, il n'y a que des TGV n'acceptant pas les vélos jusqu'à 18H. Il est 14h30, vu la distance me séparant de St Jean de Luz, j'enfourche le vélo.
Le trajet est agréable vers Anglet, Biarritz par une bonne piste cyclable. Ensuite je remonte avec satisfaction les longues files de voitures de sortie en ce jour pluvieux.

ST JEAN DE LUZ

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J'en reviens à peine d'être là. Heureux d'être à ce rendez-vous que je m'étais fixé il y a des mois, heureux de pouvoir concrétiser ce projet qui me trottait dans la tête depuis des années. Je suis prêt à m'élancer dans ce Raid Pyrénéen qui doit me conduire du côté méditerranéen.
Je suis comblé d'être là en pleine forme. Oublié cet accident du début d'année, ce véhicule qui me percute ce matin là sur le trajet du boulot. Je m'en suis bien sorti physiquement avec un hématome au genou et un mal de dos pendant quelques jours. Le vélo était en mauvais état, fourches tordues, Un bon mécanicien redresse tout çà. Je tiens beaucoup à ce vélo qui date de 1985. D'autres conséquences de l'accident se révèleront plus tard : plateaux de pédalier voilés. Je change le grand et le moyen. A un mois du départ, c'est le petit qui lâche, boulons qui sautent, plateau ovale... A cet instant l'angoisse me prend de ne pas pouvoir réaliser ce projet qui me tient à cœur.
Ce type de plateau ne se fait plus, il faut changer le pédalier, l'axe n'est plus compatible, le filetage de la cage n'est pas le bon... Tout s'arrange 2 semaines avant le départ. Soulagement.

Un Raid Pyrénéen, ce périple officiel de la Fédération Française de Cyclotourisme, qui conduit de l'Atlantique à la Méditerranée, ou inversement en empreintant la route des principaux cols pyrénéens, voilà quel était en quelque sorte ma façon de marquer mon anniversaire des 50 ans.
C'est un projet qui me fait rêver, qui m'enthousiasme. J'ai cette chance d'être en bonne santé. Je me sens en liberté sur un vélo. Je m'exprime à fond par ce moyen de transport, de loisir. Aller où bon me semble, avec peu de contraintes, sentir mon corps répondre à mes envies d'évasion. Oui c'est ça qui me fait plaisir. Faire maintenant ce que je ne pourrai peut être plus faire dans 10 ans. Vivre mon rêve, m'exprimer à fond, profiter intensément de chaque tour de pédale, là est mon projet.
Je n'osais pas trop dévoiler ce projet un peu fou, hors du commun, de crainte d'être pris dans l'engrenage de ce projet ambitieux. Plus j'en parlais autour de moi, moins en quelque sorte je pouvais reculer. Chaque personne à qui j'en parlais me poussait symboliquement vers un point de non renoncement.

Je suis là à St Jean de Luz. C'est un petit miracle de la vie. Tout c'est bien passé: bonne santé, vélo réparé, voyage en voiture en famille jusqu'à Cahors, puis ce train qui ne prenait en principe pas de vélos. L'instant du grand départ est arrivé.

Je trouve difficilement cette petite route qui mène à Ascain au départ de Ciboure. Une automobiliste bienveillante qui me voit dans l'embarras m'indique le bon chemin: il faut suivre la Nivelle. Merci chère dame pour cette aide spontanée, qui me permet de prendre mon envol.

Un mot d'ordre pour cette randonnée: manger et boire (de l'eau) en abondance avant de ressentir les éventuels effets du manque de carburant. Mais ou mettre ces victuailles dont je viens de m'approvisionner ? Les sacoches sont déjà pleines. Il faut s'organiser, trouver des solutions. Quelques vêtements passent sur le porte-bagages pour faire quelque place à ces précieuses provisions.

Et voilà ce petit col de St Ignace pour ce mettre dans l'ambiance montagnarde. Heureusement ça passe comme à l'entraînement. Pas bien méchant pour cette fin de courte journée cycliste (47 Kms). Je m'arrête à Sare. Il est déjà 19h.
Ce sera camping 3 étoiles pour cette première nuit. Mais je ne profiterai pas de la piscine. De l'eau du ciel, oui : cette nuit est bien arrosée. J'ai fait l'acquisition de la plus petite, de la plus légère des tentes. Il ne faut pas s'attendre à des performances extraordinaires. Etanche, oui, mais humide quand même de part la condensation. Et quand j'ouvre un peu pour aérer et que je m'endors peu après, c'est une surprise humide au milieu de la nuit. Plus grand-chose de sec sous cet abri de fortune. Le réveil est matinal. J'ai quelques difficultés à ranger tout mon bardât humide. Le vélo est équipé de 4 sacoches, chacune pleine de divers sacs plastiques pour assurer l'étanchéité. Je ne sais plus trop où mettre quoi. Tout fini par rentrer, avec ce surpoids de matériel mouillé. Vive le camping !


Dimanche 9 août 2009 - De Sare au Col de Burdincurutcheta (89)

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Ayant pu rouler un peu hier samedi, j'ai un peu d'avance sur mon programme en ce dimanche matin. Je pourrai ainsi dépasser St Jean Pied de Port.
A Louhossoa, le parcours officiel empreinte la D918 très chargée en circulation jusqu'à St Jean-Pied-de-Port. Je fais le choix de la route campagnarde vers Helette.
Cette matinée en Pays Basque n'est pas bien ensoleillée, mais il ne pleut pas. C'est finalement du beau temps pour rouler à vélo. Je retrouve un peu l'ambiance de mon Finistère de jeunesse: humidité, verdure, côtes qui se succèdent, odeurs de fermes.
Je contacte mon ami Yves et sa femme qui séjournent à Ainhice-Mongelos, dans un gîte au milieu des champs. Je suis heureux de leur invitation qui me requinque aussi bien physiquement, la matinée ayant été un peu longue, que moralement : plaisir de communiquer, chance de trouver des amis sur mon chemin. J'en profite pour sécher mes affaires avant de repartir, plus léger d'esprit et de poids dans les sacoches sèches.
J'ai été un peu trop ambitieux sur ma destination de ce soir. Le col de Burdincurutcheta me rappelle à la raison. Un géant qui culmine à 1300 m et qui ne se laisse pas gravir par le premier amateur venu que je suis. Dur, très dur, au delà de 10% en cette fin de journée, je suis à bout de souffle. Quelques doutes envahissent mon esprit sur mes capacités de réussite avec ce vélo de 17 kg, chargé de 10 kg de bagages. Le 32x28 s'avère insuffisant sur de telles pentes. Mais je sais que ce col est réputé comme étant l'un des plus difficiles du parcours. Plusieurs fois je mets pied à terre. Pousser le vélo en marchant s'avère presque aussi essoufflant sur ces pentes raides inhumaines.
Un petit monticule relativement plat, dans un virage, le dernier pour moi aujourd'hui accueille ma tente. C'est ce soir une providence de pouvoir m'arrêter là à bout de souffle. Je monte rapidement mon abri car des brumes épaisses montent de la vallée. Il était temps, quelques instants après je suis dans un brouillard épais. Je me suis arrêté au bon moment. L'expérience humide de la nuit précédente semble vouloir se renouveler. Le brouillard se transforme en pluie fine qui heureusement ne dure pas.


Lundi 10 août 2009 - du Col de Burdincurutcheta à Laruns (100 Kms)

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Condensation et brouillard justifient le passage d'une éponge au petit matin pour retirer le maximum d'humidité de la tente.
Départ à 8 heures après une mauvaise nuit humide et un terrain en pente qui me fait inlassablement glisser vers le bas.
La pente est tellement raide que j'hésite à enfourcher immédiatement le vélo. Je marche jusqu'au virage suivant. Je me rends compte que j'étais près du col. Les premiers Kms se font dans un brouillard épais dans cette forêt d'Iraty. L'ascension se termine par le col Bagargui. Un petit lac émerge des brumes. Dans cette descente mon chemin croise celui de chevaux en vagabondage. C'est un moment émouvant de voir ces animaux qui sortent d'on ne sait où, pas farouches. Des poulains tètent leur mère. La descente vers Larrau est bien raide. C'est un beau village encore endormi à 10 heures. Je grignote quelques victuailles près de la fontaine. Manger avant d'avoir faim doit être ma règle. La descente continue jusqu'à Tardets-Sorholus. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, les descentes ne sont pas toujours une partie de plaisir. Les mains sont crispées sur les freins, les épaules souffrent. Le corps est secoué par les irrégularités de la route. Je suis toujours impressionné par la raideur et la longueur des descentes. J'ai peine à croire que j'ai pu monter si haut.
J'arrive vers midi à Lanne où je trouve un espace béni des dieux des cyclistes. Une table de pique-nique, un beau gazon, de l'ombre et du soleil. Ce soleil est le bienvenu pour à nouveau sécher mon bardât. Déballage général le temps du repas. Je prépare pour la première fois un de ces plats lyophilisés que je trimballe depuis le début du périple. Une tasse d'eau bouillante dans le sachet, on laisse le plat se réhydrater, puis on déguste son poulet au riz ou autre préparation. C'est bien meilleur que des tartines de pain de mie au jambon, chips ou autre Babibel. Une sieste s'impose avant d'attaquer l'ascension du col Marie Blanque. Les premiers kilomètres sont bien agréables, une pente à 5%, un torrent m'accompagne de son chant intarissable. Mais bien vite je comprends la réputation de ce col. Des pentes à 10 puis 13% ont raison de mon souffle. Une ligne droite infernale me fait mettre pied à terre. Je n'hésite plus à m'arrêter pour reprendre mon souffle. Je m'interdis de dépasser certaines limites dans l'effort. Ma règle, quand la pente devient sévère est d'aller le plus lentement possible. Ralentis, regardes cette nature merveilleuse, écoutes les oiseaux, l'eau qui coule ! Chaque tour de pédale est le temps qui passe. Profites de chaque seconde, elle ne reviendra pas. Tu ne repasseras sans doute pas par ce chemin, imprègnes toi s'en ! Ce conditionnement mental marche un certain temps, puis, la limite atteinte, il faut savoir s'arrêter, ne pas faire violence à ce corps valeureux.
Le col franchi, j'entame une longue descente assez agréable où je peux laisser le vélo aller sans trop de risques. Larruns, en Vallée d'Ossau, est atteint après quelques kilomètres de route nationale. Deux hôtels complets, c'est parait-il la semaine la plus chargée de l'année. On me dit que j'aurai probablement des difficultés à trouver une chambre ici. Un peu dépité, je décide de continuer vers la route du lendemain. Après quelques minutes, j'aperçois l'Auberge de l'Embaradère, toujours dans la ville. Sans conviction je demande une chambre. Oui, pas de problème, nous avons de la place, mais en dortoirs. Cela me convient très bien, l'accueil est sympathique. Je suis finalement seul dans mon dortoir à 4 lits. Où puis-je garer mon vélo pour la nuit ? Vous prenez tout au fond de la cours, vous verrez une botte de foin et un sceau d'avoine. Que d'attention pour ma monture pensais-je un instant ! On attend des cavaliers ce soir...


Mardi 11 août 2009 - de Laruns à Luz-St-Sauveur (75 Kms)

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Petit-déjeuner à 7h30, la journée s'annonce longue. Aubisque : ce nom évoque pour tous les cyclistes
les rendez-vous fréquents avec le Tour de France. Je me sens fourmi sur ce géant dans les premiers lacets. Mais ce début d'ascension est bien agréable dans la fraîcheur matinale. La pente se laisse gravir. L'Aubisque ne me rejette pas encore. Voilà déjà 2 heures que je mouline quand j'atteints Gourette, station de ski renommée. Les abords de la station sont bien rudes mais je gère bien la pente qui tourne autour des 10%, avec quelques passages au delà. Je prends garde à bien contrôler ma respiration. Mes efforts semblent efficaces. A aucun moment au cours de cette ascension, je ne dépasse mes limites raisonnables. Je suis bien satisfait de cette belle ascension, à 1700 mètres. J'en tire la conclusion que les cols les plus célèbres ne sont sans doute pas les plus ardus à monter. Burdincurutcheta, Marie Blanque, on y croise beaucoup moins de cyclistes, trop difficile et pas assez connus ...
Le paysage entre le col d'Aubisque et le col du Soulor est grandiose. C'est là que je mesure la chance du cycliste. Lui seul sur cette route peut apprécier cette nature faite de silences et de musique des cascades ponctuée du tintement des cloches des animaux. Pouvoir s'arrêter là où l'on veut, admirer les ravins, les gorges. Le relief est ici spectaculaire. Routes en corniche, vue plongeante, grands espaces. Nouvelle rencontre avec des troupeaux de moutons et de chevaux galopants en liberté. Il m'est difficile de m'arrêter de photographier, tant le spectacle est prenant.
Au col du Soulor, je m'offre un arrêt repas/repos dans un restaurant. Ce repas mémorable me permet de refaire le plein d'énergie: garbure (soupe de légumes en morceaux, pommes de terre, carottes, choux, grains de haricots). L'entrée est composée de jambons de pays avec un melon délicieux, puis viennent magret de canard frites et salade. Un fromage de brebis local fini par me combler. J'avais demandé un verre de vin rouge. J'ai été servi avec une carafe d'un demi litre, que je n'ai bien évidemment fait que goûter.
Le temps s'est bien réchauffé aujourd'hui. Partir à 14h30 n'est pas le meilleur choix, mais il me reste  encore des kilomètres à grignoter. Col des Bordères: voilà encore un illustre inconnu qui confirme la règle de difficulté inverse de la notoriété. La chaleur et la pente ont raison de mon souffle. Un groupe d'adolescents m'encouragent, visiblement impressionnés par ma bravoure. J'attends le virage suivant pour mettre pied à terre hors de leur vue. J'ai mon honneur ! Une petite pause s'impose pour soulager le coeur qui bat la chamade. Le sommet est ensuite rapidement atteint.
Une longue descente s'amorce vers St Savin, Pierrefitte. Les Gorges de Luz auraient pu combler la curiosité du cycliste s'il n'y avait cette circulation automobile infernale jusqu'à Luz-St Sauveur.
Je fais le choix de l'hôtel ce soir pour pouvoir rendre dignement visite au Tourmalet demain.
Je trouve rapidement une chambre avec les informations de l'Office du Tourisme.


Mercredi 12 août 2009 - de Luz-St-Sauveur à Bagnères-De-Luchon (100Kms)

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Je me fais mon petit-déjeuner dans la chambre ce matin, car je parts tôt, avant le service de l'hôtel.. Il est 7h15 quand je quitte ma chambre de St Sauveur.
J'appréhende bien sûr l'ascension de ce col mythique, mais je suis quand même rassuré par ma bonne forme physique testée la veille dans l'Aubisque.
Dès la sortie de Luz, la pente est sévère en longues lignes droites.
Le départ d'une ville étape est souvent à l'image du décollage d'une fusée qui doit fournir une énergie considérable pour s'abstraire de l'attraction terrestre. Au fur et à mesure de l'élévation, le corps se sent mieux, échauffé, il atteint son régime de croisière. Les derniers kilomètres représentent la mise sur orbite. On atteint l'objectif, on se sent léger, comme en apesanteur.
A Barèges le marché se met en place. La sortie de la ville demande une remise des gaz importante. La pente devient ensuite assez régulière. Les paysages baignés de lumière matinale sont prétextes à arrêts photo. Contrairement à ce qu'aurait été mon attitude il y a quelques années, m'arrête au cours d'une ascension pour prendre une photo ou parce que la machine est en surchauffe fait aujourd'hui partie de mes règles de bonne conduite. S'arrêter n'est plus prohibé. Ce n'est pas l'échec d'une ascension interrompue. C'est une nécessité, un bien-être, un choix délibéré de sagesse.
A l'approche du sommet la végétation se raréfie. Je me sens bien dans cette ascension, certes longue, mais régulière. Le paysage des derniers kilomètres est grandiose. Les lacets se succèdent. Bien que spectaculaires, les lacets donnent le rythme de l'ascension. Ils offrent des paliers de récupération. J'apprécie bien plus de monter une route en lacets que des lignes droites interminables dont on n'apprécie pas bien le dénivelé.
Le dernier kilomètre se monte à l'arrachée, mais cet effort suprême offre la récompense de l'objectif atteint. Au sommet on trouve beaucoup de cyclistes, bien sûr, plus de maillots bariolés que de portes bagages avec sacoches. Cette montée qui m'a demandé 3 heures demande une maîtrise de  l'effort dans la durée. Chacun doit trouver son rythme. J'ai vu peu de cyclistes en difficulté évidente. Le Tourmalet ne s'improvise pas. La descente vers La Mongie m'impressionne. Cà me semble plus dur de ce côté.
Vers midi, du côté de Ste Marie de Campan, je cherche mon lieu de pique-nique et de repos de la mi-journée avant d'attaquer le col d'Aspin.
La sieste terminée, après quelques kilomètres de remise en chauffe, se présentent les pentes de l'Aspin. Les pourcentages sont relativement modestes de ce côté du col. Cependant il fait bien, chaud à 14h30. Quelques zones ombragées accueillent le voyageur téméraire. La descente sur Arreau s'effectue mains crispées sur les poignées de frein. Après une halte pour faire le plein d'eau dans le charmant village d'Arreau, l'objectif est de passer le col de Peyresourde. Ce nom m'est agréable et je n'imagine pas d'être déçu par cette visite. Les premiers kilomètres en vallée de Louron   
comblent le cyclotouriste. Les affaires se compliquent quand apparaissent des déclivités importantes. Il fait encore chaud vers 18H et la fatigue de la distance parcourue commence à peser. La montée s'effectue, ponctuée de plusieurs haltes de récupération. Je peine dans les derniers kilomètres en ligne droite. La pente ne semble pas très sévère mais je peine à trouver le rythme qui conviendrait. En haut du col (enfin), je rencontre un cycliste de Cergy qui arbore les couleurs de son club.
Arrivé à Bagnères de Luchon, je recherche un camping. Je me rends vers le seul qui soit indiqué par les panneaux.
Je plante ma tente à côté de celle d'un autre cyclotouriste. N'ayant pas fait de courses, Xavier m'invite à partager son repas. Il est très bien outillé pour le camping. Au menu: magret de canard au riz, cacahuètes, saucisson sec avec un petit rosé. Il trimballe ses 20 kilos de matériel dans une  remorque. Le vélo est un VTT haute technologie. Xavier fait des compétitions de VTT. On se raconte nos histoires. Il est chauffeur routier au chômage. Sa voiture étant tombée en panne, il a fait le choix de partir à vélo. Depuis 20 jours, il a suivi le canal du midi et visité la Camargue.
La nuit est courte entre le bruit des travaux du soir et l'enlèvement des poubelles très matinal du supermarché qui jouxte le camping.


Jeudi 13 août 2009 - de Bagnères-De-Luchon à St Lary (83 Kms)

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Les festivités commencent aujourd'hui à la sortie de Luchon par le col du Portillon. Le dénivelé est rapidement important. Quelques paliers permettent de récupérer. Je fais une partie de l'ascension avec un gars en VTT qui a fait le Raid Pyrénéen il y a quelques années. Le col marque le passage en Espagne. Une longue descente vertigineuse s'amorce vers Bossost. Il faut ensuite subir cette terrible route nationale qui assure un trafic automobile infernal entre la France et l'Espagne. L'épreuve s'achève à St Béat. Remplissage des bidons avant d'attaquer la route du col de Menté, malgré les 12h sonnantes. J'essaie de dépasser ce cap psychologique de midi qui traditionnellement marque l'heure du repas et du repos. En ces chaudes journées, le cycliste à intérêt à composer avec le Dieu Soleil. Je ne garde pas un bon souvenir du col de Menté. Chaleur, pas la bonne heure, sensation d'être coincé sur ce boyau de bitume entre les pentes de ce paysage uniforme. Et comble de lassitude de cycliste, aucune indication de distance par rapport au col. La montée est interminable, ponctuées de nombreux arrêts, d'une zone d'ombre à une autre. Enfin, la physionomie de la route change. Quelques lacets annonciateurs de l'imminence du col sont les bienvenus.
Le cycliste sent le col comme le cheval sent l'écurie. Une métamorphose s'opère, promesse de répit. Les chevaux vapeurs garés sur le parking du col confirment bientôt le pressentiment..
Le pique-nique est le bienvenu à cet instant. Une soupe réhydratée fait le plus grand bien après les efforts consentis. Je déguste ensuite ma boîte de thon avec du vrai pain acheté ce matin.
Il me reste encore à passer le Portet d'Aspet avant ce soir. Vu la chaleur, je m'octroie généreusement une prolongation de sieste.
Ce Portet est en fait bien conciliant avec les cyclistes. Il a le bon goût d'offrir de l'ombrage au voyageur de l'après-midi. Seulement 4,5 Km de montée, dans l'ensemble raisonnables, malgré quelques caprices au-delà de 10 %. Une stèle en la mémoire d'un cycliste italien qui s'est tué lors d'un Tour de France en 1995 est là pour appeler à la prudence et rappeler la dangerosité du relief..
Lors de la préparation de mes étapes, j'avais inscrit un 4ème col au programme de cette journée.. Quelle folie ! Non, non, je n'irai pas plus loin. Je décide de passer la nuit au premier hôtel que je trouve. Je dormirai et souperai ce soir à l'auberge de l'Izard à St Lary. L'accueil est sympathique, de même que ma chambre sous les combles. J'ai dû trop manger, c'était tellement copieux que ma nuit en est perturbée par des douleurs d'estomac.


Vendredi 14 août 2009 - de St-Lary à Aulus-Les-Bains (64 Kms)

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Cette matinée vers le Col de la Core est un enchantement. On commence par une descente agréable pour se mettre en jambes. La route est jalonnée de villages aux églises remarquables, en particulier l'église romane de Audressein, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Très belle église à trois nefs, Notre Dame de Tramesaygues (XIIIème siècle) possède un porche orné de fresques du XVème siècle.
Le lac de Bethmale un joyau de reflets de verdure d'une pureté époustouflante. La contemplation est ici de mise. C'est un moment où on oublie tout.
Ce col est une bénédiction pour le Cyclo Touriste. La fin de la montée est aussi agréable que le début. La vue est dégagée. Elle offre des perspectives sur les alpages et les sommets environnants.
Cette journée sera en quelque sorte ma journée de repos. Je visite, je prends mon temps. Il est 15h30 et je n'ai pas encore pris connaissance de la suite du parcours.
Ici à Seix, en Ariège, j'ai l'impression d'avoir changé de région. Le village a des airs de Méditerranée. Terrasses de cafés bondées, petites rues étroites, couleurs chatoyantes.
La ville étape de ce soir sera Aulus-Les-Bains. Depuis Seix, on longe un agréable cours d'eau qui offre quelques coins de baignade. La tentation est forte par cette chaleur, mais je viens juste de partir après mon arrêt de la mi-journée. Je m'aperçois que pour rejoindre Aulus-Les-Bains, il faut passer le Col de Latrape. C'est un gentil petit col. Ainsi, je ne tomberai pas encore aujourd'hui dans la trappe de l'ogre pyrénéen aux 28 crocs.
A l'Office du Tourisme d'Aulus on m'indique un gîte d'étape tout à côté. " vous faites la traversée des pyrénées. En général ils gardent quelques places pour les voyageurs comme vous " me dit la personne qui me renseigne. Il semble donc que j'ai vraiment l'air d'un voyageur pyrénéen au long cours !
A l'auberge La Goulue, tout est parfait : l'accueil, le repas, les dortoirs de 4 personnes où je suis seul. Trente euros la nuit, le souper et le petit-déjeuner, que demander de plus ?
Je mange en compagnie d'un gars qui fait la traversée à pieds. Il est parti depuis près d'un mois. Il m'assure qu'à pieds on voit incomparablement plus de choses. Loin de moi l'idée de vouloir polémiquer sur le sujet. Chacun doit trouver sa motivation au voyage. Il y a tellement de pays, paysages, régions, merveilles diverses que l'on ne verra jamais dans une vie. L'important à mon sens n'est pas la quantité de sujets mais la qualité de chaque instant vécu.
Ce vendredi est était une belle journée de découvertes, de plaisir, quand le relief permet au corps de se libérer des contraintes respiratoires et cardiaques pour donner à l'esprit plus de liberté de vagabondage.
Allez, il est 22h30, je me couche pour un réveil prévu à 6h30.


Samedi 15 août 2009 - de Aulus-Les-Bains à Sorgeat (100 Kms)

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Monsieur l'Ingénieur en Chef des chemins et tunnels de montagne ayant omis de réaliser les lacets qui conviendraient au cyclo touriste de passage, je dessine à la gomme de mes pneus Michelin Mégamium mes propres lacets pour appréhender les premières pentes vers le Col d'Agnès que je courtise en ce samedi 15 Août. Ce matin j'exulte sur cette route. Je monterais aux falaises, aux arbres. Je me sens léger. Je me sens caprin. Mon corps répond de mieux en mieux chaque jour. Sûrement a t'il compris qu'il valait mieux s'adapter au mental pour ne pas souffrir. Je réfléchi à cette chance inouïe que j'ai d'être là dans cette forme un peu indécente, insolente. Je pense aux personnes affaiblies par la maladie ou handicapées qui n'ont physiquement pas la possibilité de vivre une telle expérience intense. Certes un tel périple à vélo n'est pas gagné d'avance. Le cyclotourisme en montagne est d'autant plus accessible que le corps est adapté à ce genre d'exercice, plutôt léger, longiligne. D'autres activités physiques ou spirituelles permettent bien évidemment d'atteindre un tel bien-être.
Cette montée, disais-je donc, du Col d'Agnès qui culmine à 1570 m me comble de joie. La vue porte loin tout au long de l'ascension que je maîtrise bien en cette matinée. La suite du parcours s'avère également enchanteresse. Dans la descente je découvre les magnifiques Etangs de Lers, baignés de cette si belle lumière des premières heures du jour. Quelques pêcheurs, les sommets environnants qui se mirent dans les eaux limpides donnent à ce lieu une ambiance  de quiétude infinie. Quelques troupeaux qui paissent vers le Port de Lers complètent ce tableau reposant. J'aime ces zones pastorales qui succèdent aux zones forestières. J'aime quand la Terre devient Lune, dans ce silence ponctué du tintement des cloches de vaches..
Du Port de Lers on descend agréablement par un chemin ombragé étroit. J'adore les chemins étroits. Ils semblent conçus pour la ballade à vélo. Vient ensuite une plongée d'enfer vers Vic-Dessos. Entre Vic et Tarascon-sur-Ariège, 15 kilomètres sur le 54x14, descente de la désolation sur cette route nationale. Après avoir frôlé les nuages des cimes au Port de Lers au delà de 1500 m, me voilà dans la fournaise terrestre de Tarascon à 470m. Consolation, il est 13h30 et je m'arrête à une table de restaurant pour refaire le plein d'énergie. Puis, je vous demande un peu de silence, je m'allonge pour une sieste régénératrice sur les berges de l'Ariège.
Je repars d'un bon coup de pédale vers Bompas. La montée est certes rude vers Arnave et Cazenave, mais là commence la merveilleuse route des Corniches. Quel cadeau au cyclotouriste ! Route étroite et vues panoramiques. Je suis joyeux en passant par ce village de Appy. Je fais immédiatement demi-tour après avoir dépassé le panneau d'agglomération pour le prendre en photo. Et là je rencontre un homme qui me dit également sa passion du cyclotourisme. Il a effectué il y a quelques mois un voyage de 3500 kilomètres entre Tanger et Dakar. Nous sommes visiblement sur la même longueur d'onde. Nos roues tourneraient à l'unisson. Quelques instants de dialogue et un verre de jus de pommes, peu d'ingrédients peuvent suffire à constituer un moment fort du voyage
Peu après Caussou, vu l'heure assez tardive, j'hésite entre descendre sur Ax-Les-Thermes ou continuer la route de la corniche vers le col de Marmare. Bien m'en pris de choisir cette 2ème option. Le chemin est superbe alors que le soleil projette ses derniers rayons. Le ciel s'embrase au dessus d'Ax. Récompense ultime, le disque rouge tombe sous l'horizon au moment où j'arrive au Col de Chioula. J'admire ce spectacle grandiose et prends le temps de le mémoriser dans la carte de mon appareil photo qui a la réputation d'avoir meilleure mémoire que moi. Le soleil prenant son temps pour se coucher, emportant la lumière avec lui, il me faut maintenant trouver rapidement un toit pour ce soir. Je dévale en direction d'Ascou et trouve à Sorgeat le camping municipal. Il est 21h30 et il fait nuit. La gardienne ferme la porte du bureau d'accueil. Elle ne me voit pas ou fait mine de ne pas me voir. Je lui demande un emplacement. " Ce n'est pas une heure pour arriver dans un camping. Je ne vais jamais pouvoir fermer ". Après ce sympathique accueil, elle se décide quand même à encaisser mes 7 Euros. Je ne lui explique pas que s'est la faute du soleil qui a tout fait pour me retarder. Je crains qu'elle ne soit sensible à ce genre d'arguments. Je ne lui parle pas non plus de cette rencontre avec un voyageur en vélo couché. Ce genre de vélo à 3 petites roues qui permet de pédaler assis de son long, jambes à l'horizontale. Il est sur le retour d'un périple qui l'a mené à longer les Pyrénées de Montpelier à Hendaye. Il est ensuite descendu jusqu'au Portugal. Les utilisateurs de ce type de machine en font des louanges : confortable, stable, peu de prise au vent, les automobilistes s'écartent davantage.
Ma petite tente est rapidement montée, une douche, quelques grignotages, et la nuit fut bonne.


Dimanche 16 août 2009 - de Sorgeat au Col de Jau (64 Kms)

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Au menu de ce nouveau jour, le second col à plus de 2000 mètres : le Col de Pailhères. Etant déjà à 900 mètres au niveau d'Ascou, j'imaginais que cette ascension serait raisonnable, malgré tout le respect que je dois à ce géant. Un cours d'eau en cascades accompagne les premiers kilomètres. Quelques libellules légères me doublent dans la montée. La suite de l'ascension ne fut pas de tout repos. Il me parut opportun de troquer les aiguilles de ma tocante contre le rythme des manivelles de mon pédalier. Je devais prendre le contrôle du temps pour espérer arriver là-haut. J'ai dû également faire appel au chant des oiseaux et au gazouillement des torrents pour y arriver. Que ne vois-je ce panneau : chute de pierres sur 4 kms. Quoi ! encore 4 Kms de montée ? Là mon pédalier ne fit qu'un tour. Cet instant est crucial dans le cours de mon voyage. Je dois vous l'avouer. Oui, je me suis dopé. D'un seul coup, j'ai avalé 4 barres de pâte d'amande que j'ai arrosé généreusement de quelques goulées d'eau bénite la veille à la messe du 15 Août par le curé de Aulus-Les-Bains. On n'est jamais trop prévoyant. Le miracle ne fut pas vraiment au rendez-vous, mais je repartais d'un meilleur rythme. La montée vers la station de ski d'Ascou-Pailhères est à ranger dans la case des mauvais souvenirs. On ne sait plus où est la route, où sont les parkings vides en cette saison. Il m'a encore fallu tracer mes lacets dans cette ligne droite à n'en plus finir. Des kilomètres à 10%, çà use, çà use le cycliste ! Une longue courbe à fort dénivelé est proposée aux derniers prétendants au sommet sur les derniers kilomètres. L'épreuve peut être éliminatoire si l'esprit se relâche. Pour une fois je vois plus de chevaux à quatre pattes que de chevaux vapeur à l'arrivée au col. Une quantité impressionnante de ces plus fidèles amis de l'homme paissent là en toute quiétude, inconscients du funeste destin que leur réserve leur pire ennemi. Leurs ancêtres ont dû vivre en ces lieux depuis des générations pour ne plus s'effaroucher de tous ces touristes qui les caressent alors qu'ils dorment allongés au sol. Quand les caresses l'emporteront-elles sur les bouchers dans l'histoire de l'humanité ?
Après le col, la route passe par le pays du Donezan. La richesse de son patrimoine est à l'image de la diversité et de la complexité de son passé. Tour à tour terre des seigneurs et rois catalans, puis comtes de Foix et autres rois de France. Peu après Rouze, apparaît la silhouette impressionnante du château d'Usson. Il est la plus ancienne des deux forteresses du Donezan. Sa première mention est de 1035, mais il est probable que sa création remonte à la fin du 10ème siècle.
Je fais mon arrêt de la mi-journée à Escouloubre-Les-Bains, ancienne station thermale aux eaux sulfureuses et sodiques appréciées  au début du siècle dernier. Quelques grandes bâtisses, hôtels fermés témoignent des activités passées.
A l'heure du départ il fait très chaud et j'appréhende un peu les festivités de l'après-midi : Col des Moulis et Col de Garabel. Bien heureusement, rapidement, quelques nuages blancs ont le bon goût de m'accompagner dans la montée. Qu'ils en soient encore remerciés. De plus en plus de moutons noirs rejoignent le troupeau céleste. L'orage n'est pas loin. Ces deux cols, dans ces conditions sont à ranger dans la catégorie des cols sympathiques d'après sieste. J'enroule tranquillement le 32x28. Ayant un peu oublié les 2000 mètres du Col de Pailhères, je décide au vu de ma bonne figuration de l'après-midi, d'attaquer le Col de Jau. La première attaque fut un peu rude. Vidé, je suis vidé. Où est passer l'énergie vitale ? Une pause baguette avec pâte de noisette à tartiner s'impose. Quelques centimètres de saucisson sec et quelques gâteaux de réserve passeront avantageusement des sacoches à l'estomac. Je ne garantis pas l'ordre d'ingestion de la potion, je vous en garantis le résultat. La montée vers le Col de Jau est maintenant agréable. Tellement agréable qu'une envie me prend d'arrêter ici ma journée. Devant moi un chalet inoccupé : non, je ne vais pas le squatter. L'orage menace et je prévois le cas échéant de me réfugier sous les larges pentes généreuses de la toiture en cas de violentes pluies cette nuit. La tente est rapidement montée sous les larges branches d'un épicéa. J'attendais le spectacle céleste avec feu d'artifice et jets d'eau, mais non, juste quelques gouttes en soirée. Je suis un peu déçu. J'ai en contrepartie passé une bonne nuit auprès de mon arbre.


Lundi 17 août 2009 - du Col de Jau à Collioure (111 Kms / 833 Kms)

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Aujourd'hui je continue mon ascension tranquille. Le soleil m'a devancé. J'espérais assister à son lever au col. L'instant est cependant magique. Cette lumière des premières heures du jour magnifie les paysages dans cette descente. J'emmagasine les photos souvenir. C'est ma dernière journée de voyage et j'ai tendance à saisir toutes les opportunités pour ne pas aller trop vite. La route est pourtant encore longue. Je traverse de beaux villages comme Mosset, Moltigt, Marquixanes avec le regret de ne pas disposer de temps pour une visite plus approfondie. J'en oublie un peu que je suis encore dans les Pyrénées et pense plutôt aux villages de haute Provence.
La récolte des pêches bat son plein  du côté de Finestret. Alors que je photographie les vergers, une dame me propose de goûter à sa récolte. Elle m'offre deus belles poignées de ses fruits délicieux. Je m'en régale de quelques exemplaires et range précieusement les autres dans une sacoche. J'en  oublierais presque que la montagne m'appelle encore pour un dernier flirt au-dessus de 1000 mètres. Et je vous assure qu'on y arrive pas uniquement par la pensée. Mais la route est superbe et le moral gonflé à bloc. La montée est longue. J'aime ces routes austères taillées dans la roche, quand la pente devient sévère, et le bouillonnement du torrent au fond du précipice vers le col de Palomère. D13, route magnifique en corniche, à réserver aux cyclotouristes. Et quelle joie de découvrir dans cette chaude montée un point d'eau aménagé pour se rafraîchir. Je bois depuis mon départ de cette eau fraîche des fontaines. Je me suis enivré de bonheur de cette eau de vie, quel réconfort, quelle invitation à poursuivre.
D13, à l'ombre on est quand même plus à l'aise quand le soleil de ses rayons brûlants vous blesse, D13, anti-stress, anti-détresse. D13, oui, oui, encore oui, détresse jamais.
Magnifiques récompenses, villages de Baillestavy et Valmanya, beautés à couper le souffle, à mettre pieds et genoux à terre. Belle, mais longue cette montée quand dans la tête trotte l'idée de la pause repas. Oh ! regardez le 4x4 ! s'échappe de la bouche d'un adolescent allongé dans l'herbe avec quelques comparses, quand je passe à leur niveau, puis quelques dizaines de mètres plus loin, le bruit d'un bouchon de boisson gazeuse qui saute... Oui belle montée, mais c'est long ...
Quand on passe ce col, on aperçoit au loin la plaine du Roussillon et sans doute par temps clair la mer. Le chemin étant encore long, la pause d'aujourd'hui sera plutôt courte. Je me reposerai demain. Et la route descend vers les cols Xatard et Fourtou. Deux cols gratuits à mon palmarès, presque sans pédaler. Je pensais faire une photo au dernier col de ce voyage, le Col de Llauro. Mais, point de panneau annonçant ce col culminant à 733 mètres.
Ma carte routière datant de quelques années, je trouve difficilement la route de Montesquieu des Albères. Je me retrouve sur la route à grande circulation interdite aux vélos en direction d'Argelès.
Une dame âgée mais néanmoins alerte  à vélo que je croise me remet dans le droit chemin : il faut prendre l'ancienne route d'Argelès. La montée vers Montesquieu demande à puiser dans les dernières réserves de cette longue journée.
A Sorède, beaucoup de monde attablés aux cafés et restaurants.
Nouvelles difficultés d'orientation à Argelès où je me retrouve sur la voie rapide vers Collioure.
C'est limité à 110 Km/h. Déjà que je ne suis pas bien tôt, ça va encore me retarder ! Je sors à la première occasion pour prendre la route de la corniche pour Collioure.
Enfin la mer ! Le panneau de la charmante agglomération est franchi à 20 heures.
Un coup de fil à ma femme pour connaître l'adresse de notre location : Maeva, route de Port-Vendres ... silence ... " vous avez épuisé votre crédit, veuillez procéder à un rechargement " Il était vraiment temps d'arriver...

A l'heure du bilan, après ces quelques 800 kilomètres parcourus, je dirai ceci :
Non, je n'ai pas subit l'attaque de l'ours, juste subit les blasphèmes de ses détracteurs peints sur de nombreuses routes.
Non, je n'ai pas été victime d'attaque de vautours en manque de charognes porcines espagnoles.
J'ai juste rencontré quelques chevaux mangeurs de sacoches et subit sous la tente l'assaut de limaces géantes dans l'humidité basque.
Je vous assure, pas un début de tendinite, aucune douleur musculaire, même pas mal au dos ni aux fesses.
On déplore juste quelques rougeurs solaires au sommet du crâne au travers des ouvertures du casque.
Au niveau mécanique, je suis fier de mon bon vieux vélo.
Pas le moindre incident à signaler, pas une seule crevaison.
Non désolé, je n'ai rien d'intéressant à raconter.
Non décidément, rien que du bonheur !

Alain Postic   

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Commentaires
G
Bonjour Alain,<br /> je découvre vôtre périple,rien à rajouter sinon qu'il fallait le faire! En tout cas bravo pour le courage et la persévérance.Belle relation littéraire et photographique que nous allons programmer au club sans parler d'un diaporama...<br /> A jeudi,<br /> Georges
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G
Bravo et merci pour ce périple si brillamment rédigé. un vrai régal.<br /> Les superbes photos témoignent de la beauté de cet environnement Pyrénéen et de ce partage indispensable.<br /> Un grand merci<br /> Gérard.<br /> www.randonnee-pyrenees-gr10.fr
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G
Bravo, belle randonnée à bicyclette.Meme avec 15ans de moin je ne l'aurais pas fait.Ton diapo est trouver pour mars.<br /> Gilbert
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T
Superbe périple. Merci de nous en avoir fait partager quelques images et sensations.
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Y
Formidable .. <br /> On ne donnait pas cher de ta peau quand on t 'a vu partir de notre gîte . <br /> Quelle perseverence , et quel periple !<br /> <br /> <br /> Yves et Laurence
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Bicyclette sans frontière par MDB Vallée de Montmorency
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